Le numérique face au scepticisme

  • Écrit par : Digital.green
  • Date : 19 juillet 2022

️ « Mais si c’est virtuel logiquement ça ne pollue pas. » L’immatérialité du numérique est une construction qui semble aller de soi lorsque l’on entend parler de stockage en cloud, de réalité virtuelle, ou encore de metaverse (qui signifie littéralement « au-delà de l’univers »). En parallèle de cette sémantique métaphysique, les coûts écologiques des nouvelles technologies (déchets, pollution) ont tendance à être invisibilisés par la délocalisation de la production et des infrastructures. Combien d’entre nous ont visité un data center ou savent quelles ressources sont mobilisées pour la fabrication et l’utilisation d’un smartphone ? Ce n’est pas parce qu’on ne le voit pas que ça ne pollue pas.

🔍 « De toute façon c’est impossible de mesurer l’impact du numérique, on ne sait pas si ça pollue vraiment. » L’impact du numérique est difficile à estimer (difficulté à obtenir des données des entreprises, manque de transparence sur les chaînes de fabrication etc.) c’est pour cette raison qu’on trouve des estimations différentes en faisant des recherches. Cependant, la plupart des études s’accordent pour dire qu’une grande partie de l’impact est lié à la fabrication des équipements (exploitation minière, consommation d’eau etc.). Pour l’Université de Lancaster c’est plus pertinent de fournir une fourchette plutôt qu’un nombre exact. D’après son estimation* réalisée en 2021, l’empreinte carbone du numérique se situerait entre 2,1 et 3,9% des émissions au niveau mondial (l’impact ne s’arrête pas qu’au CO2) et il aura tendance à augmenter tous les ans.

🌍 « Bon alors on ne peut plus rien faire, j’arrête d’envoyer des mails c’est ça ? » Le but n’est pas d’arrêter d’utiliser le numérique du jour au lendemain. Il est important de tenir en compte qu’il y a DES numériques (les écosystèmes digitaux produits par les GAFAM sont très différents de l’écosystème de Wikipédia par exemple). Des experts spécialistes en sciences environnementales appliquées au numérique comme Gauthier Roussilhe s’intéressent justement aux écosystèmes numériques compatibles avec un monde stabilisé à +2°C. Si les Etats et les entreprises doivent mettre en place les infrastructures pour faciliter la sobriété numérique, ces actions peuvent s’accompagner de gestes individuels.

💡 « Qu’est-ce qu’on peut faire alors ? » Le plus efficace c’est la sobriété digitale : adapter notre utilisation du numérique à nos besoins réels. Par exemple pour le cloud on peut opter pour un serveur moins puissant à 100% de sa capacité plutôt qu’un serveur très puissant qu’on utilise à seulement 50% de sa capacité. Réparer ses équipements informatiques est aussi un levier d’action majeur. Plus on garde nos équipements longtemps moins on contribue à la pollution liée à leur fabrication.