À Cannes, l’écologie a son prix

  • Écrit par : digital.green
  • Date : 2 juin 2022

En parallèle du festival de Cannes, l’association Ecoprod lance une contre-proposition en récompensant pour la première fois deux longs-métrages produits dans le respect de l’environnement. Un symbole fort pour la transition du secteur.

Lancement du prix Ecoprod à l’occasion du Festival de Cannes

Pour cette première discernation, c’est le film “La Cour des miracles” (réalisé par Carine May et Hakim Zouhan) qui a été mis à l’honneur. L’équipe a été accompagnée tout au long du projet par Secoya éco-tournage, agence de conseil RSE pour le secteur de l’audiovisuel. Cela a permis de réduire l’impact environnemental de la production grâce à diverses mesures : mise en place d’une cantine locale sur le tournage avec des produits de saison et biologiques, utilisation de produits de récupération pour l’approvisionnement des décors et des costumes grâce à des réseaux de l’économie sociale et solidaire (Emmaüs, La Recyclerie, Ressac, …), optimisation des déplacements grâce à un lieu presque unique de tournage et l’utilisation des transports en communs, et bien d’autres encore.

Le prix du jury Ecoprod a été, lui, remis à l’équipe du film “Under the fig trees” (réalisé par Erige Sehiri). L’équipe a également eu recours à plusieurs solutions comme la consommation de produits alimentaires locaux dans une quantité précise pour éviter le gaspillage ou encore l’utilisation d’une seule caméra et de seulement deux ordinateurs pour réduire au maximum la consommation d’énergie.

Comment un film peut-il diminuer son empreinte carbone ?

On ne peut que se réjouir de voir que des professionnels du secteur s’emparent du sujet de l’empreinte carbone des productions audiovisuelles. Nous nous intéressons déjà à l’éco-conception pour réduire l’empreinte des sites web et des applications que nous produisons et ce prix nous a permis d’élargir notre perspective. Nous avons donc suivi Ecoprod pour en savoir plus sur l’éco-production, la démarche qui vise à réduire l’impact de la production de films.

Ecoprod propose sur son site un guide détaillé sur l’éco-production qui permet aux équipes de changer leurs habitudes. Des transports à la consommation énergétique, en passant par la restauration, les décors et le maquillage. Ces éléments ont fait partie des critères de sélection du prix Ecoprod au même titre que la préservation des lieux de tournage naturels et la sensibilisation des équipes aux enjeux environnementaux.

Le numérique a aussi un poids important sur l’empreinte carbone du secteur audiovisuel, comme le montre cette étude d’Ecoprod. Ce poids est notamment lié à la fabrication des équipements et à la hausse de la consommation énergétique (due à l’augmentation des services numériques et des usages).

De part notre activité, nous savons que l’empreinte carbone liée au numérique n’est pas toujours simple à estimer. Il est difficile d’obtenir des données des entreprises du digital et il y a un manque de transparence général sur les chaînes de production. Malgré cette difficulté, Ecoprod a tout de même réussi à obtenir des données très parlantes de France Télévisions disponibles ici (page 14). D’après Ecoprod, les émissions de la fabrication de la météo de France.TV seraient de 10,671 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de 77 327 km en voiture. Les solutions pour réduire cette empreinte sans de gros investissements seraient d’optimiser les équipements en augmentant leur durée de vie, en les réparant et en prévoyant un plan de formation pour gérer la compétence de maintenance/réparation des ressources internes.

Dans la catégorie Écologie sont nommés…

Si la récompense décernée par Ecoprod ne jouit pas (encore) de la même renommée que son homologue doré, en est-elle moins méritée ?

Nous ne pouvons qu’applaudir ce prix, qui accorde autant d’importance aux mesures éco-responsables appliquées pour créer des œuvres cinématographiques, qu’aux histoires qu’elles racontent. Cela illustre une volonté de mettre en avant ceux qui associent la parole aux actes. C’est aussi une manière d’apercevoir le début de cahiers des charges en accord avec les enjeux environnementaux.

À l’heure où les labels RSE continuent de se développer, il est essentiel que les appels d’offres (ou autres compétitions publiques entre les entreprises) intègrent dans leurs briefs, ainsi que dans leur recherche de prestataires, les mêmes exigences que celles nécessaires à l’obtention des fameux macarons (par exemple B-Corp). Cette démarche serait une manière de sensibiliser l’ensemble des créateurs de contenus sur l’impact de leurs productions.

Un nouvel espoir

Plus les entreprises partageront leurs expériences et leurs données, plus il sera facile de trouver des solutions pour réduire l’empreinte du secteur audiovisuel. Dans cette optique, le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) souhaite rendre obligatoire la mise en place de bilans carbone. En effet, d’après son « Plan Action ! », dès 2023, les films qui toucheront ses subventions devront réaliser un bilan carbone.

La prise de conscience de ceux qui fabriquent les imaginaires a de quoi rendre optimiste pour un futur plus soutenable. Espérons pour demain que la reconnaissance des acteurs qui œuvrent en faveur de l’environnement soit de plus en plus valorisée.